Hélène, survivante du lac Dodousse

Choc, peur, panique, déception, colère ! C'est dans cet ordre que les émotions m'ont envahie, cet après-midi, au bord du lac Dodousse.

J'ai été témoin d'une scène inacceptable, révélant la cruauté et la stupidité dont certains humains peuvent faire preuve. Cette fois encore, la victime était mon amie Hélène. La pauvre. Elle qui est toujours là pour aider tout le monde et ne se méfie de personne. Elle n'a donc rien vu venir et s'est fait avoir méchamment.

Cruauté

Cet après-midi, ma classe nettoyait les bords du lac Dodousse afin de les rendre resplendissants avant le fameux festival Kimouille de ce weekend. Après quelques minutes, nous étions tous éparpillés dans notre zone à nettoyer. Hélène s'est retrouvée seule, séparée de son partenaire de nettoyage appelé par notre institutrice pour donner un coup de main ailleurs. C'est là que tout s'est joué. Repérée par un groupe d'adolescentes papotant au bout d'un ponton, Hélène a une fois de plus été victime de harcèlement à cause de sa prothèse de jambe. Cette fois, la menace était fourbe et bien cachée. Pas de surnom dévalorisant, pas de moquerie ou d'insulte. De la vraie manipulation. Les adolescentes se sont mises à parler à voix haute en s'extasiant devant ce qui semblait être un trésor brillant au fond du lac. Une ruse pour attirer Hélène. Intriguée, mon amie s'est rendue vers elles. Lorsqu'elle s'est penchée au-dessus du ponton pour regarder, une des filles l'a poussée à l'eau sans hésiter.

C'est le cri de ma chère Hélène qui a attiré mon attention, me laissant voir la fin de la scène. Nos amies les jumelles Mylène et Stella ont également vu la chute. Nous étions loin, très loin, toutes les trois, et cela nous a pris une bonne minute pour arriver au ponton. Hélène n'avait toujours pas refait surface au moment où nous plongions à son secours.

Le gadget

Par un très heureux hasard, Mylène avait embarqué un de ses nombreux gadgets : une mini bombonne de plongée. Pourquoi ? Pour pouvoir chercher des crasses dans l'eau, au cas où il y en aurait eues près du bord. Sans cette bouteille, Hélène se serait noyé. Elle ne refaisait pas surface car sa prothèse s'était coincée dans des algues. Lorsque nous sommes arrivées à sa profondeur, Stella lui a enfoncé la bombonne dans la bouche. Pile au moment où Hélène allait à nouveau respirer. Pendant ce temps, Mylène et moi dégagions la prothèse des tentacules végétaux. Une fois de retour au grand air, Hélène s'est effondrée. Le choc émotionnel était trop grand. Je vous avoue que si elle n'avait pas craqué, c'est probablement moi qui l'aurais fait. Mais là, il fallait que je sois forte pour elle.

Sidérée !

Je ne trouve pas sommeil depuis cette mésaventure. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans la tête des filles qui ont eu cette idée diabolique ? Comment peut-on faire quelque chose d'aussi méchant ? Je suis sans voix. Elles ont pris la fuite sans même se retourner. Si seulement les gens qui faisaient ce genre de choses pouvaient arrêter de se comporter de la sorte, nous vivrions dans un monde plus pacifiste.

Depuis ma fenêtre, je vois la lumière briller dans la chambre des jumelles habitant de l'autre côté de la rue. Stella serait-elle en train d'inventer un nouveau gadget pour la prothèse d'Hélène ? Cela ne m'étonnerait pas, la connaissant. Elle a fait mine de rien, après le sauvetage, mais je peux vous dire qu'elle avait la rage au ventre. Elle avait le même regard que lorsque Martin et sa bande avaient poussé le bouchon trop loin dans leurs moqueries envers Hélène. Ce regard qui dit "Je ferais bien de la bouillie de toi, mais la violence ne sert à rien. Je vais donc transformer ma colère en quelque chose d'ingénieux". Vous trouverez plus d'information sur cette histoire sur ce poste. J'ai hâte de voir mes amies demain.

Quant aux filles qui ont fait cette blague à Hélène, je suis persuadée que le karma s'occupera d'elles.

En attendant, si vous assistez à ce genre de scène, ne restez pas de marbre : AGISSEZ !